Il est une vaste étendue de nature, humide et vallonnée. Rustique, sauvage mais paisible, c'est un territoire enclavé, rural. Un quasi-désert constitué de forêts, de rivières, de landes et de tourbières, émaillé de villages de granit. Il est situé au centre de la France, à cheval sur les trois départements qui composent le Limousin.
Sa toponymie revêt plusieurs étymologies différentes. Si beaucoup considèrent aujourd'hui qu'il est celui des Mille Sources (Mil Batz ou Mil Vacca), le Plateau de Millevaches puiserait peut-être son nom dans une autre étymologie, et serait issu du gaulois melo (le lieu élevé, la montagne) et du latin vacua (vide, abandonné).
Millevaches : melo vacua - la montagne abandonnée...
C'est par la simple découverte – en 2013 – de cette dénomination romantique et emplie de mystère, qu'est née l'idée de cette série de photographies. Dès lors, en solitaire, je n'aurai eu de cesse de revenir sur ce territoire. Non pour en faire la carte postale, mais pour y observer les traces du vide et de la désertion, et donc, en creux, évoquer l'empreinte de ceux qui l'ont peuplé.
Dans ce corpus d'images, on verra par exemple une voie ferrée que les trains ont cessé d'emprunter, et dont le point de fuite indique le coeur de la forêt. Ou cette ancienne station service, qu'un bosquet paraît vouloir cacher... Ailleurs, des terrains de foot ou de basket, sur lesquels les enfants, devenus adultes, on fini de jouer. Derrière chacune de ces photographies se raconte l'histoire d'une époque révolue.
Mais parmi les vestiges, je propose un regard tendre sur des paysages superbes, dans cet instant fugace où le Plateau de Millevaches est le plus beau : lors de ces petits matins frisquets, lorsque se lève le brouillard et que percent les premiers rayons de lumière.
Ainsi, ancrée à la fois dans la mémoire et le présent, ces photographies offrent un aperçu nostalgique et poétique sur ce monde à part, tout autant ouvert sur l’horizon que replié sur lui-même.